Instructions pour des méthodes de travail en sécurité dans les postes

Un questionnaire a été très largement diffusé à des experts connus dans les compagnies d'électricité et les compagnies d'ingénierie, parmi les consultants et les universitaires, comme on peut en voir les détails sur la Figure 1. Un atelier a été également été organisé lors de la Conférence CIGRE de Paris, en 2018, au cours duquel 84 experts généralistes ont travaillé ensemble sur des thèmes en rapport avec la « culture de sécurité ». Les retours du questionnaire et de l'atelier ont été intégrés dans la BT.

Le contenu de la BT doit permettre de diffuser les idées et les sujets que les membres du CIGRE de par le monde considèrent comme importants dans toute prestation de sécurité. L'objectif de la BT est de produire des instructions sur les manières de parvenir à un environnement exempt d'accident. La conception joue un rôle central dans l'atteinte de cet objectif. La conception d'un poste n'est pas seulement l'obtention de distances d'isolement correctes, mais doit aussi créer un environnement de sécurité pour ceux qui interviennent. Dans la BT on s'intéresse aux facteurs humains dans le travail et la conception, en partageant une philosophie d'amélioration de tous, avec pour but d'aboutir à un environnement de travail sûr dans la construction et l'exploitation du poste, qui assure la sécurité et le bien-être de tous ceux qui interagissent.

Les directives sont intégrées dans les concepts d'une ingénierie appropriée et dans les pratiques de sécurité. Toutes les étapes de la vie d'un poste sont prises en compte, non seulement à partir du moment où les travailleurs sont sur le site en train d'exécuter leurs tâches, mais aussi avant que quiconque n'ait mis un pied sur le site. On prend aussi en compte dans la BT les autres personnes, potentiellement avec une connaissance limitée des dangers électriques existants, qui pourraient être présents dans le poste, ou à proximité, pendant sa construction ou ultérieurement.

Structure et contenu de la Brochure Technique

La structure de la BT suit, comme montré sur la Figure 2, le cycle de vie d'un projet et celui du poste :

Avant que tout travail sur site ne commence

Se préoccuper du public et de ceux qui travaillent dans le poste, quels que soient leur formation ou leur savoir, est d'une importance capitale. Aussi, avant d'entreprendre toute activité matérielle, les différents intervenants de l'industrie de fourniture de l'électricité présentent leur activité, c'est ce qu'ils disent qu'ils vont faire.

La sécurité doit être prise en compte à toutes les étapes d'un projet, pas seulement au moment où la tâche est en cours d'exécution mais à partir du lancement du projet et pendant toute la mise en œuvre de la conception. Les aspects de sécurité peuvent être abordés avant la phase du travail sur site, et ainsi on garantit que les situations de risque ne vont pas être découvertes sur place par les travailleurs. Le message de la BT est qu'il ne faut pas seulement réduire le risque, mais aussi penser aux mesures qui permettront de limiter le potentiel impact d'un accident.

C'est par un travail bien pensé et bien ciblé que les concepteurs peuvent influer sur la sécurité de ceux qui construisent, exploitent et entretiennent les postes. Les compagnies d'électricité devraient suivre un processus de « Sécurité par Conception » pour mettre au point une conception de leurs postes assurant la sécurité. Dans le processus de sécurité par conception on doit envisager tous les scénarios possibles, et ce à chaque étape. La Figure 3 donne des types d'exemples pris en compte dans la sécurité par conception.

Exécution des travaux sur site en sécurité

Pour exécuter le travail sur site en sécurité, tous les travailleurs sur site et les compagnies d'électricité doivent avoir conscience des risques du travail et doivent éliminer ou réduire ces risques avant que le travail commence. Un programme régulier d'inspection est nécessaire pour tenir à jour l'état du moment du poste. La BT fournit des exemples de guide sur des pratiques de travail importantes pour exécuter en sécurité les activités d'exploitation et de maintenance, pendant toute la durée de vie du poste.

S'assurer que l'on dispose du personnel adapté

Tout plan ou projet qui doit être sûr et réussi doit comporter un examen de contrôle de sa réussite. Un processus agréé de formation du personnel a démontré être efficace partout dans le monde. La préparation du personnel a réduit significativement les accidents, sur le lieu de travail comme en dehors. Le processus doit être rigoureux et continument mis à jour et testé. La BT met en avant un processus suivi dans de nombreux pays et compagnies d'électricité pour former, contrôler et enregistrer les capacités professionnelles. Des travailleurs surs requiert de l'expérience et des outils pour bien travailler. La formation sur les compétences et sur les méthodes doit aussi intégrer la formation sur l'attitude au travail. Une liste des activités est présentée et doit être discutée par le personnel et la hiérarchie des compagnies d'électricité, pour retenir en commun la meilleure approche pour garantir que le processus de maintenance fonctionne et que des données pour vérifier les résultats sont disponibles

Tirer les leçons et éviter la répétition

A la fin de chaque projet, ou à la fin de chaque étape des travaux, toutes les compagnies d'électricité et tous les prestataires devraient dérouler un processus de retour d'expérience pour évaluer ce qui a bien fonctionné et ce qui demande une amélioration en vue du projet suivant. Il est important d'inclure toutes les parties prenantes dans ce processus, pour recueillir le plus possible d'information. Des données et des KPI produits pendant les travaux sont utiles et sont à intégrer dans le processus de retour d'expérience.

Les activités qui induisent des opérations non sures doivent être ciblées et éliminées pour garantir qu'elles ne seront pas répétées. Procéder à des modifications effectives peut être difficile. Il s'agit de la partie la plus problématique du processus de retour d'expérience et, en conséquence, l'implémentation de la modification est la partie la plus importante, et pour être réussie elle requiert énergie, détermination et soutien de la hiérarchie.

Conclusion

Le Groupe de Travail (GT) pense que classer la sécurité comme la priorité numéro 1 est vital pour garantir les niveaux les plus bas d'incidents et d'accidents. Cette conviction a été validée par les réponses et les retours de l'enquête et de l'atelier. Le GT reconnait qu'il n'existe pas d'environnement exempt de risque. Où que l'on soit, au cours de chaque journée de travail chacun est soumis à des aléas autour de lui. Dans quelle mesure nous passerons la journée sans blessures dépend en grande part de notre prise de conscience et notre respect des précautions nécessaires.

Le management des organisations n'est pas le seul responsable de la santé et de la sécurité de chacun, mais il faut souligner que c'est chaque personne qui est responsable de s'assurer qu'elle est en sécurité, tout en garantissant que les collègues auprès d'elle restent également en sécurité quand ils exécutent leur travail. Les concepteurs ont la capacité, et le devoir, d'éliminer les aléas, quand c'est possible, empêchant pour toujours qu'ils se manifestent sur le site.

Adopter une culture de haute sécurité doit devenir une seconde nature. ne Arrêter le travail » est apparu récemment pour essayer de promouvoir la sécurité dans le travail et d'empêcher qu'un incident potentiel se produise. L'objectif de comportement humain doit être soutenu à tous les niveaux de la compagnie d'électricité, de l'organisation du prestataire et de la chaîne d'approvisionnement. A tous les niveaux de l'organisation du projet, si quelque chose semble dangereux ou source de risque, les personnes impliquées doivent « arrêter le travail ». Il faut reconnaître qu'intervenir et demander qu'une personne, ou une équipe, arrête son travail, peut être intimidant et demande un certain courage.

Dans toutes les organisations l'équipe de direction doit considérer sans réserve que la sécurité dans le travail est une valeur centrale. Il ne suffit pas de manifester un intérêt de pure forme à ce sujet important. Si elle est convaincue que ceux qui viennent au travail chaque jour doivent rentrer chez eux dans le même état physique, alors il lui revient de passer à l'acte et d'imposer que la sécurité soit la priorité numéro un.

Face à des incidents la première réaction est de modifier les procédures existantes, ou d'en introduire des supplémentaires. Ce sont là des éléments « objectifs ». A la conclusion des travaux du GT le constat suggère que l'on doit s'intéresser au côté « subjectif », parce que les incidents sont plus liés aux individus qu'aux systèmes qu'ils ont à suivre. Les retours des participants à l'atelier de Paris étaient très orientés « personnes » et pas totalement consacrés aux « processus ».

Le changement, à chaque fois qu'il se produit, peut poser des problèmes. Quand le changement se produit après que le travail a commencé, il peut alors être source d'un incident potentiel. Le « changement » ne représente pas nécessairement quelque chose de significatif, mais peut être suffisamment subtil pour induire une réelle différence dans les conditions de travail, comme reporter du matin à l'après-midi, d'hier à aujourd'hui, etc.

La vie est précieuse, les conséquences d'un accident dans un poste peuvent être très graves pour soi-même, les collègues, les amis et les familles. Nous devons par conséquent prendre soin des autres, pour que l'accident ne se produise pas, sur le lieu de travail comme ailleurs. Il revient à chacun de nous, individuellement, de prendre la responsabilité de la sécurité et de la santé.